A-t-on réellement inventé de la nouvelle musique depuis les années 90? Ou est-ce que nous ne voyons réapparaître que des choses déjà faites, avec variations légères pour les faire sonner au goût du jour? Si on peut argumenter qu’en musique dites urbaines, des formes réellement novatrices ont émergé dans les années 2000 et 2010, c’est plus difficile de dire la même chose des musiques rock/folk/pop à guitare (la pop électronique étant elle-même devenue un pan de la musique urbaine). C’est pas le revival du punk/post-punk anglo-saxon qui me contredira.
Et pourtant, depuis quelques années, après une longue période de disette, les bons disques à guitare recommencent a trouver le chemin de nos oreilles. J’ai beaucoup aimé le « When I Have Fears » de The Murder Capital, le « Street Worms » de Viagra Boys ou encore le « Crawler » de IDLES, mais ces disques creusent dans le même sillon. « Painless » de Nilüfer Yanya suit une toute autre direction. Et même s’il combine des guitares avec des instruments électroniques, on est face à un vrai album de pop-rock à guitare, comme on l’entendait fin des années 90/début des années 2000. Et même si ça ne se ressemble pas beaucoup, l’album évoque pour moi les grands disques de Radiohead (OK Computer / Kid A), où le R&B / Soul aurait remplacé l’electro / techno comme inspiration, voir les moments que j’aime de P.J. Harvey.
Le milieu du disque est particulièrement réussi, avec l’enchaînement de la belle chanson pleine d’émotions shameless, suivi du morcreau kraut-pop stabilise puis chase me et son refrain catchy. Même midnight sun que j’apprécie un peu moins offre de superbe passage. C’est que Nilüfer réussit à faire transpirer l’émotion dans son interprétation, et cela contribue à rendre attachants les moments musicalement moins engageant à mon goût. Trouble est significatif à ce titre, puisque le morceau d’une simplicité complète tient essentiellement dans la façon dont il est chanté.
Est-ce que l’album est novateur? Probablement pas. Est-ce un bon album « d’indie », comme on disait quand j’étais adolescent? Certainement. Et le fait qu’il évoque chez moi ces souvenirs de jeunesse y contribue certainement