Avec la dématérialisation de la musique et la democratisation des outils de musique assistée par ordinateur, la production musicale de ces 10 dernières années a grossi de façon exponentielle. De la musique qu’on aime aussi. Pourtant, notre temps disponible pour l’écouter, lui, n’a pas augmenté depuis que la musique a été rendue portable. Du coup, choisir sur quelle nouvelle sortie on va jeter une oreille devient encore davantage une question de lien avec un artiste avant d’être une question de goût.
C’est en tout cas mon cas avec Spoon. Spoon est un chouette groupe de pop-rock indé américain, comme il en existe des dizaines d’autres. Mais une de leur chanson, New-York Kiss qui ferme l’album They Want Your Soul, reste attachée au souvenir d’un amant londonien, une histoire aussi intense que courte, une histoire que je suis content d’avoir vécue, et que cette chanson a accompagnée par pur hasard.
Depuis, j’écoute les albums que Spoon sort, dont le dernier Lucifer on the sofa. Ce qui est bien avec les albums de Spoon, c’est que ce sont plus des collections de chansons à mes yeux que de réels albums qui développent quelque chose de spécifique. C’est pareil pour leur petit dernier. On commence l’écoute, et on est en terrain connu: les guitares, la voix, la structure des morceaux, les arrangements et les sonorités sont identifiées. Et on se balade dans le disque au grès des meilleurs morceaux, et des moins bons. Dans les meilleurs, on a l’ouverture Held (en réalité, une reprise du groupe Smog que je connais très peu), le single The Hardest Cut, le morceau Spoon « by the book » On The Radio, mais surtout la plus grosse réussite Wild. Difficile de dire ce qui différencie ceux-ci des moins bons (The Devil & Mister Jones, Astral Jacket): parfois, ce’st simplement une bonne idée dans la section rythmique, parfois un riffs de guitare qui accroche l’oreille. Ce qui est certain, c’est que le reste passe aussi à l’écoute sans trop souffrir. C’est l’avantage d’avoir son identité sonore: les morceaux moins inspirés glissent dans l’oreille des auditeurs qui laissent simplement filer le disque sur leur platine. Ca m’a d’ailleurs donné envie de ré-écouter certains disques de The White Stripes, qui ont le même effet sur moi.
Je cherche une conclusion, mais je n’en ai pas. N’est-ce pas suffisant ?