Cela doit faire 15 ans que j’écris sur Internet. Mon premier espace d’expression, alors que nous parlions de nous-même à la 3ème personne du singulier sur Facebook, c’était un blog sur Blogger appelé Houtlines. J’ai beaucoup utilisé Twitter, Plurk, Yelp. Un peu Tumblr, puis Instagram. J’ai écrit pour BXL Blog, pour Goûte mes Disques. J’ai participé à l’animation d’une communauté sur Meetup. Mon blog a pris différents noms sur différentes plateformes, le dernier était 22 minutes et des poussières, pour me forcer à la spontanéité et la concision (spoiler alert: ça n’a pas marché). Dernièrement, j’ai même créé une chaîne Youtube vite abandonnée.
Mais entre-temps, les réseaux sociaux ont changé. Les algorithmes de Facebook nous ont enfermé dans une chambre d’écho dont on peine à voir comment s’en extraire. Twitter est devenu un enfer politique, où les militants ont envahi l’espace avec des comptes multiples qui visent uniquement à pourrir les discussions. Les quelques communautés bienveillantes et réelles, d’abord sur Twitter, puis Foursquare ou Yelp, ont disparu au grès des valeurs boursières et rachats/fermetures de différents services. Et je suis rentré, malgré moi, dans la course à l’audience. La gamification de toutes les plateformes de publication, les promesses de monétisation, et mon métier dans le marketing digital m’ont fait perdre le plaisir de partager des opinions, pour le remplacer par le plaisir d’être lu. J’avais pourtant survécu à Klout…
A côté de cela, j’ai toujours envie d’écrire ce que je pense. De l’écrire en plus long. De l’écrire sans nécessairement en discuter, de le partager auprès de ceux qui pourront le lire avec bienveillance, et de ne pas nécessairement m’inquiéter des autres. De l’écrire mal, avec des fautes, un style médiocre, des imprécisions. De ne pas chercher à convaincre, et de parler de sujets sur lesquels il ne sert à rien de convaincre.
Alors voilà La Tour. Dans le tarot, la Tour est la 16ème arcane majeure. Si son symbolisme ancien est plutôt attaché à l’idée de catastrophe, de la ruine ou de la calamité, aujourd’hui, elle est généralement associée au changement radical, à la table rase nécessaire lorsqu’on veut faire la place pour du neuf. Du neuf, j’en ai et j’en veux. Ecrire ce blog, c’est une façon de faire ma tabula rasa, et de tenter de refaire ce que j’aime sur de nouvelles bases, dont la première pierre est le refus d’un objectif ou d’une ambition. C’est la chance que je m’offre d’avoir à tout moment une page blanche prête à l’emploi.