Pride 2022

Cette année à la Pride, j’ai croisé un ami très cher qui a mis des années à s’identifier comme homosexuel (et qui est maintenant en couple avec un chouette gars), une membre de ma famille étendue qui a fait son coming out en tant que femme trans* récemment, un pote de soirée cishet en dehors des normes de la masculinité hégémonique sans qu’il ait besoin de l’intellectualiser, un architecte paysagiste gay connu sur YT, un homme gay parmi les plus foncièrement gentil que je connaisse et qui a pu participer au reveal sur scène d’une drag queen plutôt célèbre.

Toutes ces personnes ont, à ma connaissance, des vies relativement heureuses. Elles ne font pas face à des violences trop graves, elles sont soutenues, elles peuvent vivre leur identité sans trop grand danger. Et pourtant, chacune d’elles a vécu des petits drames intimes, des micro-agressions au quotidien, des questionnements et de doutes sur des choix qui seraient anodins pour d’autres: les pleurs et reproches d’une mère lors d’un coming out, les blagues vaseuses d’un collègue et la présomption cishet, la décision de tenir la main de son/sa partenaire en public, le dilemme de « faire trop gay » et de « desservir la cause » face à simplement être et se comporter en paix avec son identité, forcément moins lisse que celle de l’homme gay toléré par l’heteropatriarcat phallocrate et viriliste.

L’essentiel des luttes LGBT+ est encore à mener: c’est celle qui renverse le capitalisme patriarcal. Il n’y aura pas de réelle liberté pour les personnes non-alignées sans remise en question de la hiérarchie capitaliste dans laquelle certains hommes (cishet, blanc, neurotypique, beau, c’est à dire mince et sans handicap) héritent de tout le capital et, par manipulation et illusion, se mettent en position de tout décider pour le reste. S’il y a bien un tyrannie d’une minorité, c’est de celle-là.

En attendant, la Pride, c’est l’occasion pour tou•te•s ceux qui subissent cette tyrannie de ne pas se sentir seul•e•s, de se rappeler que derrière la myriade d’identités représentées, il y a une souffrance, parfois tres légère, peut-être juste une amertume, mais qui est partagée. Et même si la Pride dans sa forme commercial nécessite la collaboration avec nos oppresseurs, et qu’elle ne pourra donc rien changer de fondamental, elle fait du bien. En soit, c’est déjà suffisant.

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